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Pour l'histoire de la littérature, le nom de Gabriel Bertin, décédé en 1945 à l'âge de 49 ans, reste essentiellement associé à l'aventure des Cahiers du Sud. C'est en 1914 que Marcel Pagnol et un groupe de lycéens créent à Marseille la revue littéraire Fortunio. Mise en sommeil pendant la guerre, la revue reparaît en 1919 sous la direction de Jean Ballard, avant d'être rebaptisée Cahiers du Sud en 1925. Bien qu'ancrés dans la capitale phocéenne et désireux d'échapper à l'influence parisienne, les Cahiers du Sud se veulent bien plus qu'une revue régionale ou régionaliste; promoteurs d'une culture du Sud (compris comme l'ensemble du bassin méditerranéen), ils rayonnent bien au-delà de la région provençale, jusqu'à devenir l'une des plus importantes revues littéraires françaises. Sous l'influence conjuguée de Jean Ballard et d'André Gaillard, poète lié au mouvement surréaliste et à Paul Eluard, les noms d'Antonin Artaud, Henri Michaux, Jules Supervielle, Benjamin Péret, René Crevel, Robert Desnos, André Masson, Pierre Jean-Jouve ou Pierre Reverdy figurent régulièrement au sommaire des Cahiers. Bientôt, le carcassonnais Joë Bousquet, créateur de la revue languedocienne Chantiers, rejoint Les cahiers du Sud dont il va devenir une figure emblématique. Gabriel Bertin fait alors partie du comité de rédaction, aux côtés de Marcel Brion, Henri Fluchère, Léon-Gabriel Gros et Georgette Camille. Bertin, en qui Henri Michaux trouve l'un de ses plus fidèles partisans, exerce les fonctions de lecteur, permettant à de jeunes auteurs de publier leurs premiers textes. Les Cahiers accueillent également ses articles (il tient parfois la rubrique cinéma), les pièces de théâtre qu'il écrit en collaboration avec Gaston Mouren et, après sa mort, ses poèmes.
En dehors de son activité au sein des Cahiers du Sud, Gabriel Bertin n'a laissé qu'un recueil de nouvelles intitulé Supplices de la nuit, publié en 1943 chez Jean Vigneau. Henri Rode évoquait l'ouvrage en ces termes dans le supplément spécial que les Cahiers du Sud consacraient en 1946 à Gabriel Bertin, disparu l'année précédente1:
Le poète en lui n'avait pas reçu d'atteinte et lui rendait le regard de l'enfance. Nous nous promenâmes ensuite longuement dans les ruelles noires où à cause de vagues fenêtres éclairées on entendait des coups de feu. Je laissai Bertin rue Devilliers au delà d'une Canebière qui n'était qu'un gouffre. Je devinais qu'il allait voguer longuement avec ce navire percé de feux à l'invisible étendard de l'espoir. C'est la même impression que j'ai retrouvée en lisant Supplices de la nuit avec son monde de décapités et de places d'aurore. Derrière le Bertin que j'avais connu naissait un promeneur étrange, illuminé, comme si avec ce dernier livre il livrait son chiffre intérieur, comme si l'adolescent singuliers des Supplices rejoignait mystérieusement pour l'éternité la forme solitaire laissée à ses songes sur un trottoir d'hiver.Quant aux éditions marseillaises Jean Vigneau, elles restent dans la mémoire des amateurs de littérature fantastique pour avoir publié deux romans de Jacques Spitz.
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Éditions Jean Vigneau, 1943 |
pour Supplices de la nuit |
Éléments de bibliographie par Philippe
Gontier.
Oeuvres publiées: Pièces jouées mais demeurées inédites: Pièce inédite et jamais représentée: Chantecler, pièce en 1 acte. Sur les Cahiers du Sud, on pourra consulter Chroniques
des Cahiers du Sud, 1914-1966 d'Alain Paire, Imec Publications, 1993. |
De Gabriel Bertin, La Clef d'Argent a publié: «Supplices de la nuit». |
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