Ami de Dickens, dont il épousera la fille, Wilkie Collins (1824-1889) s'est pourtant très vite démarqué de l'influence de son mentor. Dickens, en particulier, ne cessera de fulminer contre la psychologie prônée par Collins, où il ne voit qu'une influence pernicieuse des romans français. Après la parution de Basil (1852), puis de La dame en blanc (1859), Collins s'affirmera comme le précurseur du roman moderne, comme nous le rappelle François Rivière: «Collins monte sa fiction de façon cinématographique avant la lettre, par souci à la fois de lisibilité et d'ambiguïté. La disposition même du récit [...] permet l'effet dont parle Borges: les protagonistes, qui ressemblent à des témoins déposant à la barre, décrivent une action seulement visible pour nous en pointillés, de loin, mais perçue par des caractères  qui façonnent et refaçonnent sans cesse la matière même de la fiction.»

Cette ambiguïté, nous la retrouvons dans Monkton le fou, «l'histoire effrayante d'un crime commis jadis par deux des Monkton, proches parents l'un de l'autre, crime auquel on reportait par hypothèses, l'origine de cette insanité mentale qui était devenue le triste apanage de la famille. Il ne servirait à rien de choquer, en consignant ici ce chapitre de leurs annales, l'esprit de quelque lecteur. Il suffira de savoir qu'à de certaines intervalles, la folie se manifestait alternativement sous diverses formes dans le sein de cette famille condamnée...»

À la suite du décès d'un proche parent, le dernier héritier des Monkton s'embarque pour un pèlerinage insensé en Italie. Il espère y retrouver le cadavre de ce parent qui, croit-il, le hante sans répit afin qu'on lui offre une sépulture... À mesure que le voyage se poursuit, le narrateur, qui accompagne Monkton, commence à douter: il doute d'abord de la santé mentale de son compagnon, puis de la sienne propre...

ISBN-10 2-908254-05-0.
ISBN-13 978-2-908254-05-1.
14 x 20 cm. 80 p.