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Azathoth, portfolio de Philippe Dougnier.
D'après un texte de H.P. Lovecraft.
Épuisé.

Reproductions de 3 dessins.
Tirage limité à 20 ex. numérotés et signés.

ISBN-10 2-908254-07-7.
ISBN-13 78-2-908254-07-5.

30 x 50 cm.



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Le port folio Azathoth comportait -- outre la reproduction des 3 dessins de Philippe Dougnier -- une traduction du fragment éponyme de H.P. Lovecraft qui les a inspirés, imprimée sous la forme d'un cahier à reliure japonaise en papier vergé ivoire. On en trouvera le texte ci-dessous.

Azathoth

H.P. Lovecraft

Lorsque la vieillesse s'abattit sur le monde, et que l'émerveillement disparut de l'esprit des hommes, lorsque les cités grises élevèrent vers les cieux enfumés de hautes tours, laides et lugubres, à l'ombre desquelles nul ne pouvait plus rêver au soleil ni aux prairies pleines de fleurs du printemps, lorsque la science dépouilla la terre de son manteau de splendeur, et que les poètes ne chantèrent plus que pour célébrer les fantômes dénaturés s'offrant à leurs regards larmoyants et introspectifs, lorsque, donc, ces choses se furent produites, et que les aspirations enfantines eurent disparu à jamais, il y eut un homme qui s'élança en une quête hors de la vie, au sein des espaces où s'étaient enfuis les rêves du monde.

On en sait bien peu sur le nom de cet homme, et sur l'endroit où il vécut, car ces choses font partie du monde de l'éveil. Il est dit pourtant que sa naissance était aussi obscure que sa demeure. Il suffit de savoir qu'il habitait une cité aux murs élevés où régnait un crépuscule stérile, et qu'il y travaillait, le jour durant, dans l'ombre et le tumulte. Le soir venu, il regagnait une chambre dot l'unique fenêtre s'ouvrait, non point sur des champs et des bosquets, mais sur une cour sombre où d'autres fenêtres dardaient un regard chargé de tristesse et de désespoir. De là, on ne voyait jamais que des murs et des fenêtres, à moins de se pencher beaucoup, et de lever la tête à la recherche des petites étoiles passant dans les cieux. Et parce que, d'avoir pour unique horizon des murs et des fenêtres doit bien vite rendre fou un homme pétri de rêve et de lecture, celui qui occupait cette pièce avait pour habitude de se pencher, nuit après nuit, pour tenter d'entrevoir les choses qui se trouvent au-delà du monde de l'éveil et de le grisaille des hautes cités. Après quelques années, il commença à appeler par leur nom les étoiles dont il observait la course paisible, et à les suivre en imagination lorsqu'elles disparaissaient, comme à regret, à sa vue. Jusqu'à ce que, finalement, il n'en devienne à même de contempler des perspectives dont le commun des mortels ne soupçonne pas la secrète existence. Puis, une nuit, un pont fut jeté par dessus le gouffre prodigieux qui l'en séparait encore. Les cieux et leur cortège de rêves descendirent jusqu'à lui et se mêlèrent à l'air confiné de sa chambre, l'incorporant à leur fabuleuse féerie.

Des flots tumultueux envahirent la pièce, poudre d'or mêlée aux violettes exhalaisons de minuit, véritables tourbillons de poussière et de feu chargés des senteurs d'au-delà des mondes, qui surgissaient des lointains espaces. Des océans opiacés s'y déversèrent, éclairés par des astres que nul oeil ne contemplera jamais. Leurs remous dissimulaient d'étranges dauphins et des nymphes aquatiques issus de profondeurs immémoriales. L'immensité, sans un bruit, se lova autour du rêveur et l'emporta, n'effleurant pas même son corps, penché avec raideur à la fenêtre solitaire. Et durant des jours et des jours, dont nul calendrier humain ne rendra jamais compte, il se laissa porter par les courants amicaux de lointaines sphères qui l'emmenaient rejoindre les rêves qu'il chérissait, ces rêves que les hommes ont perdus. Puis, après de nombreux cycles, alors qu'il dormait encore, ils le déposèrent tendrement sur le vert rivage d'un soleil levant. Un vert rivage embaumé par les fleurs de lotus et parsemé de camélias rouges...

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Gindre
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