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Masques dans le miroir, essai de William Schnabel.
Épuisé.

L'écrivain américain Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) est, avec Edgar Poe et Ambrose Bierce, l'une des figures marquantes de la littérature fantastique outre-Atlantique. Son oeuvre demeure une référence, sinon un modèle, pour nombre d'écrivains contemporains, et l'intérêt sans cesse renouvelé qu'elle suscite auprès des nouvelles générations de lecteurs dans le monde entier ne laisse pas d'étonner. Pourtant, le thème du double, qui se manifeste comme une caractéristique essentielle du conte fantastique (Le Portrait de Dorian Gray, L'Étudiant de Prague, La mer-veilleuse histoire de Peter Schlemihl) et occupe une place centrale dans l'oeuvre de Lovecraft, n'avait pas fait à ce jour chez cet auteur l'objet d'une étude spécifique et approfondie. C'est désormais chose faite avec Masques dans le miroir de William Schnabel. Dans cet essai, l'universitaire grenoblois, directeur du Groupe d'Études et de Recherches sur le Fantastique, s'attache à analyser à travers différentes approches (littéraire, psychanalytique) les manifestations si particulières de ce thème universel chez l'écrivain de Providence.

Presse :
«Avec cet ouvrage, Schnabel met en lumière toute la prépondérance du double chez Lovecraft à travers une démonstration brillante et vigoureuse.» Boojum.

ISBN-10 2-908254-35-2.
ISBN-13 978-2-908254-35-8.

15 x 21 cm. 176 p.
In-octavo imprimé sur bouffant blanc 90g. Couverture pelliculée.
Ouvrage publié avec le concours du Centre Régional des Lettres de Franche-Comté et de la Région Franche-Comté.


Masques dans le miroir porte non seulement sur les représentations les plus évidentes du double chez Lovecraft (les personnages dédoublés), mais aussi sur la relation intime, toujours manifeste, entre l'auteur et ses narrateurs-protagonistes. Doubles métamorphiques, double oniriques, doubles par possession, doubles gémellaires et doubles monstrueux: les visages du double lovecraftien sont multiples. Les «monstres familiers» de Lovecraft semblent bien faire partie de son cercle intime: contraint de les côtoyer quotidiennement, il les a en quelque sorte apprivoisés. Les différents aspects de l'existence de Lovecraft se reflètent dans ce miroir littéraire en autant d'images filtrées, condensées, déformées ou grossies, véritables métaphores obsessionnelles qui montrent à quel point les monstres lovecraftiens ne sont pas prisonniers de sa fiction: ils reflètent la richesse de sa pensée et les turbulences de son existence.

Pourquoi lire Lovecraft aujourd'hui?

Pourquoi lire Lovecraft? Que penserait-il de son énorme succès posthume s'il pouvait nous parler aujourd'hui? Il serait sans doute réjoui de voir son oeuvre publiée par tant de maisons d'éditions, ses contes traduits en plus de vingt langues, mais il n'est pas certain qu'il apprécie la banalisation de ses nouvelles. Il penserait, peut-être, que ses textes sont mal compris par un vaste public admiratif, prêt à l'idolâtrer. Toujours est-il que le succès est là. Ce qui suppose que ses lecteurs trouvent autre chose dans ses contes que «du mauvais goût et du mauvais art». Fidèle à sa praxis littéraire, Lovecraft était un créateur de l'atmosphère étrange, du moins dans ses meilleurs récits. Il nous fait transcender notre réalité quotidienne pour côtoyer des entités insolites, venues d'autres sphères et d'univers insondables. Il nous libère des contraintes de la nature, du temps et de l'espace, pour nous confronter à d'autres réalités. Il nous montre l'impossible au moyen de l'indicible. En cela, son art relève de la magie. Lovecraft, magicien des mots, est aussi un prestidigitateur de rêves. Son oeuvre constitue une interrogation sur l'homme et sa place dans l'univers, le rôle de la science, le monstre, la grandeur et les faiblesses de la civilisation, l'existence, l'infini, l'identité, l'abîme... Ne serait-ce que pour les questions que son oeuvre soulève, elle mérite une lecture attentive.
On le lit souvent pour le mythe qu'il a créé, le mythe de Cthulhu, pour employer l'expression d'August Derleth. Mais Derleth s'est trompé sur Lovecraft. Il voulait voir dans Cthulhu, Nyarlathotep, Azathoth, Yog-Sothoth ou Shub-Niggurath des êtres surnaturels et des dieux, ce qui était loin d'être l'intention de Lovecraft, qui voulait montrer que le cosmos n'est pas anthropocentrique. L'homme, forme de vie parmi d'autres, est loin de tenir une place privilégiée dans la hiérarchie infinie du cosmos. En fait, on peut dire que le mythe de Cthulhu constitue une «anti-mythologie», pour employer l'expression de David E. Schultz. Son but est de parodier la religion institutionnalisée des hommes.

Pourquoi étudier Lovecraft? La question précédente répond en partie à celle-ci, bien que toute lecture ne mérite sans doute pas une étude approfondie. Une des explications est son énorme influence sur d'autres écrivains du genre weird. Nous songeons à ceux qui s'inscrivent entièrement ou partiellement dans ce que l'on a nommé le mythe de Cthulhu. Le fait d'être imité n'est-il pas un critère de valeur? Parmi ces auteurs nous pouvons citer Clark Ashton Smith, Robert E. Howard, Frank Belknap Long, August Derleth, Robert Bloch, Henry Kuttner, Fritz Leiber, Brian Lumley, Ramsey Campbell, Colin Wilson, Philip José Farmer, Stephen King, Richard A. Lupoff, Lin Carter, Russell Kirk, etc. Cette liste est loin d'être exhaustive et s'accroît régulièrement.

On étudie Lovecraft parce qu'il est l'un des écrivains du fantastique le plus lu et le plus étudié dans le monde. Son texte est comme un iceberg: 90 pour cent en est submergé. Notre tâche consiste à pénétrer la partie cachée, autant invisible qu'indicible. Enfin, si on le lit et l'étudie, c'est sans doute pour la vérité contenue dans le texte. Cette vérité est indissociable du rêve, et Lovecraft fut un grand praticien du rêve. Il a plongé dans un univers onirique dont il est revenu avec les yeux pleins d'images.

Notre recherche porte essentiellement sur les images tératologiques dans la fiction de Lovecraft. Cette monographie tâche de montrer les correspondances et les interférences qui existent entre sa vie et son oeuvre littéraire. Le monstre lovecraftien est le miroir qui reflète divers aspects de sa vie. Ces images monstrueuses sont filtrées, déformées, et condensées par les événements qu'il a vécus, pour devenir enfin des métaphores obsessionnelles, personnalisées par la plume de l'écrivain. Ainsi, le texte lovecraftien fonctionne comme un confessionnal où l'auteur sublime ses angoisses et sa haine. Lovecraft communiquait un grand nombre de traits biographiques dans ses contes. Les personnages lovecraftiens sont des doubles de l'auteur, des facettes de son caractère.

William Schnabel
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Le saviez-vous? Vous pouvez télécharger librement les versions pdf des recueils d'Édouard Ganche, Le Livre de la Mort et L'Ordre de la Mort.

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