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Charles Rabou (1803-1871)

On nomme minores les auteurs du second rayon qui ont modestement enrichi la littérature et restent, pour la plupart, tenus en respect par l'ombre portée des Grands Hommes. Pour eux, point de pardon. On ne leur passe rien: ils tombent, honteux de leurs plus faibles pages, dans un oubli profond en attendant qu'un lecteur plus curieux que les autres, moins enclin à suivre les modes s'égare. Dans le cas de Charles Rabou, il a fallu attendre 1951 et la publication de P.-G. Castex sur Les contes fantastiques français de Nodier à Maupassant pour réparer quatre-vingts ans de négligence. Mais Rabou n'est pas un génie ignoré. Sa prose est inégale, ses romans parfois rebutants. À l'oeil exercé point d'obstacle, dit-on. Castex a révélé quelques pépites dont la plus connue est «Le Ministère public» initialement publié dans les Contes bruns qui associaient en 1832 Rabou, Philarète Chasles et Balzac dont on a cru un temps qu'il était l'auteur. Fort heureusement, Charles Asselineau a rétabli la propriété de Rabou dans sa Bibliographie romantique. Reste que les relations de l'ogre B. et de Rabou expliquent probablement la confusion, comme d'ailleurs la survivance des écrits du dernier. À ce propos, il faut encore signaler la proximité patronymique de l'influent critique et mauvais coucheur Hippolyte Babou (1824-1878) -- Babouin pour ses ennemis -- qui tout en troublant les repères biographiques a peut-être facilité la résurrection des écrits de Rabou.

Fils d'un sous-intendant militaire, Charles Félix Henri Rabou est né à Paris le 6 septembre 1803 et meurt dans la même ville le 1er février 1871. Après avoir fait ses humanités au collège Henri IV, il fréquente la Faculté de droit de Dijon puis regagne Paris pour embrasser la carrière d'avocat. Attiré par les perfides sirènes de la Littérature, il ne dépasse pas le grade d'avocat stagiaire et lâche une carrière prometteuse pour s'en offrir une autre. Journaliste, il signe dans La Quotidienne, Le Messager des Chambres, Le Nouvelliste, Le Journal de Paris, La Charte de 1830 des chroniques politiques et des articles de critique littéraire, artistique et dramatique. L'homme de lettres est né. Il collabore au troisième volume de L'Histoire de tout le monde d'Émile de Palman, lance en juillet 1832 La Cour d'Assise, un journal dont les collections connues ne dépassent pas la livraison d'août 1834 et s'inscrit parmi les fondateurs de la prestigieuse Revue de Paris dont il occupe la direction, nous dit le Dictionnaire universel des contemporains de Gustave Vapereau (éd. de 1858, p. 1423) à partir de 1830, date à laquelle il succède au docteur Louis Véron et ce jusqu'en 1833 où Amédée Pichot le remplace.

C'est dans ce cadre que Rabou trouve son père tutélaire, Balzac, qu'il publie dans les pages de la Revue de Paris. Les deux hommes se lient d'une solide amitié au point que Balzac mourant lui confie la lourde responsabilité de terminer quelques romans inachevés. Fidèle, Rabou se met au travail, produit tout ou partie de dix-huit volumes et subit le verdict de la critique : mitigé. Elle met en doute l'authenticité des ouvrages et conduit le public à leur réserver un accueil froid. Rabou n'en continue pas moins à produire une quarantaine de volumes et sera décoré, honnête fabricant, en 1850. On ignore encore à quel titre.

Si l'on en juge par les titres de ses propres romans, L'Allée des veuves (1845), Le Cabinet noir (1849), La Fille sanglante (1857), Charles Rabou s'inscrit parfaitement dans la corporation des représentants romantiques de la littérature fantastique : Petrus Borel le Lycanthrope, Philarète Chasles, Philothée O'Neddy, Xavier Forneret, Jules Janin... Leurs histoires rassemblées dans plusieurs recueils collectifs tels Le salmigondis, Le conteur ou encore Le sachet invitent à d'autres redécouvertes, celles de S.-H. Berthoud, d'Alphonse Brot ou d'Aloysius Block... Quant à la fantastique danse macabre du «Mannequin», elle reste un excellent exemple de ce que savaient produire ces «frénétiques»: des récits drôles, morbides et enjoués, un régal.
 

Éric Dussert
Bibliographie indicative de Charles Rabou :

Ouvrages collectifs:

  • «Le Ministère public» in Les Contes bruns, par une [tête à l'envers] -- Paris, U. Canel-A. Guyot, 1832. 398 p.
  • «Les nerfs» in Le Sachet -- [S. l. n. d.].
  • «La danse des morts» in Le Salmigondis -- [S. l. n. d.].
  • «Histoire de Petit-Jean le statuaire» in Le Conteur -- [S. l. n. d.].
  • L'Histoire de tout le monde, par Émile de Palman. -- Paris, L. Dureuil, 1829, 3 vol. Émile de Palman est le pseudonyme d'Hippolyte-François Régnier-d'Estourbet (1804-1832). Selon le bibliographe Quérard, Charles Rabou a collaboré au dernier volume.

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    Romans:

  • Louison d'Arquien. -- Paris, Dumont, 1840, 308 p. Rééditions: Paris, A. Bourdilliat, 1861, 281 p. et Paris, A. de Vresse, 1868, 270 p.
  • Le Pauvre de Montlhéry. -- Paris, Dumont, 1841, 303 p.
  • Le Capitaine Lambert. -- Paris, Dumont, 1842, 2 vol. Réédition: Paris, A. Bourdilliat, 1861, 314 p.
  • La Reine d'un jour. -- Paris, H. Souverain, 1845, 3 vol.
  • L'Allée des veuves. -- Paris, Recoules, 1845, 3 vol. et New York, F. Gaillardet, 1845 in «Semaine littéraire» du Courrier des États-Unis. Réédition: Paris, Librairie internationale, 1867, 332 p.
  • Le Cabinet noir. Les Frères de la mort. -- Bruxelles, A. Lebègue, 1849. In Muséum littéraire. T. 5. Rééditions: Paris, L. de Potter, 1856, 5 vol./ id. 1857/ Paris, impr. de Dubuisson, 1865, feuilleton extrait du journal Le Globe.
  • La Fille sanglante. -- Paris, L. de Potter, 1857, 4 vol. Ce roman fait suite au Cabinet noir.
  • Le Marquis de Vulpiano. -- Paris, L. de Potter, 1858, 6 vol. Fait suite à La Fille sanglante.
  • Les Grands danseurs du Roi. -- Paris, L. de Potter, 1860, 3 vol.
  • Les Tribulations et métamorphoses posthumes de maître Fabricius, peintre liégeois. -- Paris, A. Bourdilliat, 1860, IV-275 p.

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    Continuation des romans de Balzac:

  • Scènes de la vie politique. Le Député d'Arcis. -- Paris, L. de Potter, 1854, 4 vol. Rééditions: Paris, Michel-Lévy frères, 1870, 347 p. et Paris, Calmann-Lévy, 1892, 2 vol.
  • Le Comte de Sallenauve. -- Paris, L. de Potter, 1854, 5 vol. Suite du Député d'Arcis d'après Spoelberch de Lovenjoul, Histoire des oeuvres de Balzac, 2e éd., pp. 155-156.
  • La Famille Beauvisage. -- Paris, L. de Potter, 1855, 4 vol. D'après Spoelberch de Lovenjoul, l'ouvrage n'est pas de Balzac mais de Charles Rabou. Il constitue une suite au Comte de Sallenauve.
  • Les Petits bourgeois, scènes de la vie parisienne. -- Bruxelles-Leipzig, Kiessling, Schnée et Cie, 1855, 5 vol. Ce roman, écrit Spoelberch de Lovenjoul, «passe généralement pour avoir été terminé par Charles Rabou [...] Nous ne pourrions dire jusqu'à quel point cette opinion est exacte».

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    Essai historique:

  • La Grande Armée. -- Paris, Lécrivain et Toubon, 3 séries en 1 vol. Coll. Bibliothèque pour tous, publiée par J. Lemer. Tome I. 1805-1808 (1859), T. II. 1808-1812 (1859), T. III. 1812-1815 (1860).

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    À consulter:

  • Spoelberch de Lovenjoul, Histoire des oeuvres de Balzac, Calmann-Lévy, 1879.
  • Pierre-Georges Castex, Le Conte fantastique en France de Nodier à Maupassant, Corti, 1951.
  • Jacques Goimard et Roland Stragliati (éd.), La Grande Anthologie du fantastique. Tome 2, Omnibus, 1996.
  • et la Correspondance de Balzac...
  • É.D.
    De Charles Rabou, La Clef d'Argent a publié: «Le Mannequin».
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