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Clark Ashton Smith (1893-1961)
Clark Ashton Smith est né le 13 janvier 1893 à
Long Valley
en Californie et n'a pratiquement jamais quitté cette
région
des États-Unis jusqu'à sa mort survenue le 14 août
1961 à Pacific Grove, près de Monterey. Poète
précoce,
il commença à écrire vers l'âge de treize
ans
et fit publier son premier recueil, The Star-Treader and Other Poems,
en 1912. La critique locale n'nésita pas à saluer celui
qu'elle
compara alors à Keats et Byron. S'il partagea effectivement
l'attirance
des Romantiques pour certains thèmes récurrents comme
l'Orient
(voire l'orientalisme), les paradis artificiels ou la décadence,
des influences plus directes se font sentir dans ses premières
oeuvres.
On songe notamment à Poe, Ambrose Bierce ou Robert W. Chambers.
Autodidacte, il ne passa que sept années de sa vie à
l'école;
il traduisit pourtant en partie Baudelaire, après avoir appris
seul
le français. Smith se voulait donc en premier lieu poète
et il n'entreprit la rédaction de ses nouvelles fantastiques,
à
partir de 1925, que pour des raisons essentiellement
financières.
Ces textes ne firent l'objet d'une publication en volume aux
États-Unis
qu'à partir de 1942 sous l'impulsion d'August Derleth et de sa
maison
d'édition Arkham House.
Pourtant, comme le souligne François Truchaud dans son
introduction
à L'île Inconnue (NéO, 1985), «La
magie du
verbe
est constamment présente dans ces nouvelles, remarquables par
leur
ton morbide, macabre, malsain, où il est question de destin, de
fatalité, de mort, de nécromancie. L'odeur de la
pourriture
imprègne ces nouvelles au style précieux,
décadent,
presque déliquescent. On a souvent parlé de
l'archaïsme
volontaire du style de Smith. Des phrases très longues, aux
riches
sonorités -- Smith est avant tout un poète et tels des
poèmes,
ses nouvelles pourraient être lues à haute voix, en les
déclamant
-- qui témoignent d'un art visuel incomparable et d'une immense
culture.»
Cette absence de réelles frontières entre les
diverses
composantes de son oeuvre et la fascination de Smith pour une certaine
préciosité lexicale à la Des Esseintes, a
été
souvent évoquée par la critique. En langue
française,
Pierre Versins saluait dans son Encyclopédie de l'Utopie et
de
la Science Fiction (1972), «l'art avec lequel il rend
présent
l'improbable et [...] son riche vocabulaire poétique». De
même,
selon Xavier Perret, «C.A. Smith aimait employer des mots rares,
raffinés
ou archaïques, au sein de longues phrases nourrissant parfois une
débauche excessive de détails ou d'adjectifs."»
(«Décadence
et romantisme», in : Ubbo-Sathla, NéO, 1985). Pour
Jean
Marigny, «De tous les auteurs qui ont collaboré à
la revue Weird
Tales,
y compris Lovecraft, Smith est sans doute celui qui mérite le
plus
le nom d'artiste. Magicien du verbe, il s'exprime dans une langue
riche,
élégante, poétique, et, ce qui lui confère
un charme particulier, légèrement archaïque.
Écrivain,
mais aussi peintre de talent, Smith, excelle dans les descriptions et
il
a un pouvoir d'évocation rarement égalé. Le
décor
dans lequel se déroule l'intrigue de ses nouvelles [...] est
décrit
avec une telle minutie et un tel luxe de détails, qu'il finit
par
devenir presque réel. Clark Ashton Smith parvient ainsi à
créer de toutes pièces un monde magique et extraordinaire
qui évoque les tableaux d'un Bosch, d'un Magritte ou d'un
Dali.»
(«Un talent universel», in : Le Dieu Carnivore,
NéO,
1987).
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