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Nostalgie de l'Inconnu, recueil de Clark Ashton Smith.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Gindre.
12 Euros.

La Clef d'Argent présente l'intégrale des poèmes en prose de Clark Ashton Smith (1893-1961): Mille et une Nuits désabusées du poète californien, traducteur de Baudelaire, correspondant et ami de Lovecraft, auteur de L'Empire des Nécromants, de Zothique et du Mangeur de hachisch. Les poèmes en prose de Clark Ashton Smith constituent un exemple unique dans la littérature contemporaine de perpétuation et d'enrichissement d'un genre littéraire initié au XIXe siècle par Aloysius Bertrand dans Gaspard de la Nuit, Charles Baudelaire dans les Petits poèmes en prose ou Arthur Rimbaud dans Les Illuminations.

Table des matières.

Presse :
«Ce qui est formidable dans Nostalgie de l'Inconnu, c'est la traduction de Philippe Gindre qui donne l'impression que les textes ont été écrits en français, ce qui n'arrive presque jamais avec les traductions. Il faut vous jeter sur ce livre pendant qu'il est encore disponible.» Jean-Pierre Dionnet.

«Une plaquette soignée qui sert parfaitement le lyrisme méconnu de Smith. Un travail remarquable.» Anne-Sylvie Homassel, Le Visage Vert n°12.
«Un coup de chapeau aux éditions La Clef d'Argent pour nous offrir d'aussi belles choses... Merci.» Christophe Van de Ponseele, LeFantastique.net.
«Excellement traduit par Philippe Gindre.» Martobre n°13.
«Un plaisir à lire et un beau petit objet.» Pierre-Paul Durastanti.

ISBN-10 2-908254-31-X.
ISBN-13 978-2-908254-31-0.

15 x 21 cm. 80 p.
In-octavo imprimé sur bouffant blanc 90g. Couverture quadrichromie pelliculée.

Sur Clark Ashton Smith, La Clef d'Argent a publié: Les Mondes perdus de Clark Ashton Smith de Jean Marigny, Clark Ashton Smith, poète en prose de Donald Sidney-Fryer, et Les Jardins de Klarkash-Ton de Philippe Gindre.
De Clark Ashton Smith, La Clef d'Argent a également publié: Le Mangeur de Hashish (épuisé).

Cet ouvrage a fait l'objet d'un tirage de tête de 54 ex. numérotés (aujourd'hui épuisé), accompagnés de facsimilés de manuscrits et de photographies ainsi que d'une étude inédite de Donald Sidney-Fryer, sous coffret réalisé par Jean-Claude Gauthier, artisan-cartonnier à Saint-Claude (Jura).

Publié avec le concours du Centre Régional du Livre de Franche-Comté et de la Région Franche-Comté.

Sur Clark Ashton Smith, La Clef d'Argent a publié: Les Mondes perdus de Clark Ashton Smith de Jean Marigny, Clark Ashton Smith, poète en prose de Donald Sidney-Fryer, et Les Jardins de Klarkash-Ton de Philippe Gindre.
De Clark Ashton Smith, La Clef d'Argent a publié: Nostalgie de l'Inconnu, intégrale des poèmes en prose, et Le Mangeur de Hashish (épuisé).

Extraits de Nostalgie de l'Inconnu:

La nostalgie des choses inconnues, des contrées oubliées ou jamais découvertes... tel est le sentiment qui souvent me submerge. Souvent, je suis pris du désir ardent de voir l'or de soleils étincelants se refléter sur le marbre diaphane de terrasses azurées; parodies minérales de grands lacs étals aux eaux calmes, insondablement calmes... Souvent, je brûle de contempler de légendaires palais de serpentine, de fabuleux castels d'argent et d'ébène dont les colonnes seraient de vertes stalactites. Souvent, j'aspire à admirer les ruines de temples affaissés dont les piliers se dressent encore dans le vaste crépuscule purpurin d'une contrée de légende telle qu'on en peut trouver dans les romances oubliées. Je soupire après des forêts de cèdres, profondes et vertes, où l'enchevêtrement fantastique des ramures pénombreuses laisse entrevoir des éclats de diamant bleu dans lesquels on devine un océan tropical inconnu. Je soupire aussi après les palmiers et les coraux de ces îles qu'un matin d'ambre cisèle, là-bas, par-delà Cathay, par-delà Taprobane... Je soupire enfin après les étranges cités du désert, ces cités secrètes dont les dômes d'airain brûlant et les audacieux pinacles d'or et de cuivre transpercent cruellement un ciel de lazuli torride. («Nostalgie de l'Inconnu»)

Narcisse, blême et splénétique, dans les eaux mortes d'une mare putride tu vois ton image qui tantôt se noie, tantôt resurgit des vertes profondeurs, au gré des iridescents caprices de l'écume corrompue, de l'écume flamboyante qui damasse l'eau fétide de fantasques arabesques. Dans les miroirs de bronze tiquetés de vert-de-gris qui jadis reflétèrent la beauté fatale d'anciennes souveraines, insatiables d'amour, avides de souffrance, et dont les royaumes ont été depuis longtemps déjà oblitérés des cartes par les sables du désert, il t'est parfois donné de contempler l'implacable et perverse nympholepsie que trahit ton maintien... (Narcisse»)

Alors que je parcourais le cloître des morts, le soleil couchant vint percer le couvert sépulcral des ifs et des cyprès, rehaussant d'une érubescence fantomale la pâleur des tombes et des cénotaphes. Rêvant parmi les stèles, je vis les ombres troublées commencer à s'agiter. Déjà, les mornes ramures abandonnaient comme à regret l'or éteint dont la lumière faiblissante les avait un instant parées. Le sanglant embrasement n'irriguait plus désormais que le coeur distendu du soleil, laissant les cieux exsangues... («L'Enclos funèbre»)

Sur son balcon de nacre, la princesse Almina, vêtue d'une robe de soie irisée, ses longues boucles sable dénouées, a le regard tourné vers l'océan inondé de soleil couchant qui s'étend au-delà de la terrasse de marbre vert où des paons montent la garde. En contrebas, dans la lumière colorée, des arbres fantastiques aux troncs ophidiens laissent traîner la fine chevelure d'un délicat feuillage qui va se mêler aux feuilles lunulées de lys énormes. Des bouquets de roseaux aux nuances arc-en-ciel poussent près des fontaines et des bassins d'eau noire aux bordures de malachite finement sculptées. De tout cela, pourtant, la princesse n'a cure et parcourt du regard les lointaines vastitudes océanes où les ichors dorés du soleil se sont rassemblés et forment un vaste lac qui submerge l'horizon... («La Princesse Almina»)

En son alcôve aux tentures lamées d'or, dont les piliers sont de saphir cannelé, l'empereur Chan est étendu sur les somptueuses fourrures de bêtes inconnues qui garnissent sa couche d'ébène incrustée d'opales et sertie de rubis. Ses paupières inertes que l'on croirait ciselées dans un onyx aux veines purpurines laissent filtrer un regard implacable et las. Chan fixe les fenêtres de cristal qui donnent sur les azurs infinis d'un horizon tropical embrasé où ciel et mer se confondent. Un ennui sans nom, sans véritable forme, ô combien plus pesant que le fardeau de l'esclave au fond de la mine, oppresse son coeur tel un cauchemar sans fin... («Ennui»)

Nous vivions à peine, aimions comme dans un rêve -- l'un de ces rêves obscurs et allégoriques qui défendent le seuil du sommeil, cette insoluble énigme. Nous ressentions envers nos femmes au teint pâle, à la beauté spectrale, ce même désir que doivent éprouver les morts pour les lys fantomatiques des prairies de l'Hadès. Nous passions nos journées à marcher au hasard à travers les ruines abandonnées de cités immémoriales. Là où la lumière morte échouait à jeter sur eux sa lueur cadavéreuse, leurs palais de cuivre dentelé et leurs rues bordées de rangées d'obélisques d'or ciselé disparaissaient, engloutis à jamais sous un océan d'ombres stagnantes... («Dans les cryptes du souvenir»)
 

À propos de la poésie de Clark Ashton Smith:

«M. Smith a échappé à l'obsession de la vie et du monde, et a entrevu la beauté perverse, titanesque de la mort et de l'univers; prenant l'infini pour toile de fond et décrivant avec respect les terrifiants caprices des soleils et des planètes, des dieux et des démons, et des horreurs aveugles et amorphes qui hantent des jardins de champignons polychromes plus lointains qu'Algol ou Achernar. C'est un cosmos de flamme vivante et d'abysses glacials qu'il célèbre, et la luxuriance colorée avec laquelle il le peuple ne pourrait se trouver ailleurs que chez un pur génie.»

H.P. Lovecraft


 «Comme je l'ai déjà dit, il n'y a pas d'autre auteur que vous qui semble avoir pleinement aperçu ces solitudes ténébreuses, ces gouffres incommensurables, ces pignons gris décapités, ces cadavres en poussière de cités oubliées, ces fleuves limoneux, stagnants, bordés de cyprès et ces jardins d'ailleurs, indéfinissables, dominés par l'antiquité, d'une étrange décrépitude, dont mes propres rêves ont été peuplés depuis ma plus tendre enfance. Je lis votre oeuvre comme le compte rendu de ce qu'a vu le seul oeil humain qui ait vu les mêmes choses que moi sur des planètes lointaines. [...] Les poèmes en prose d'Ebony & Crystal sont cyclopéens! Je suis particulièrement épris de cette forme littéraire et vous vous êtes affirmé comme en étant le maître. La Fleur-diable m'inspire des rêves étranges et Les Memnons de la nuit ne quitteront jamais "les profondeurs de ma mémoire". Certaines images me hantent: "des lys, pareils à des chauves-souris, qui ouvrent leurs pétales nervurés au crépuscule et s'agrippent de leurs minuscules dents jaunes au corps des libellules endormies".»

H.P. Lovecraft (Lettre à C.A. Smith)


 «Poésie verbale et auditive débouchant sur des perceptions égarées mais dans le toujours précieux territoire du baroque, l'écriture de Smith hante l'invisible tel un Gustave Moreau dans les décombres du temps et de l'espace, cherchant désespérément la mise en scène majestueuse de l'anéantissement du Beau.»

Christian Hibon (Extrait de la préface)


 «On retrouve dans les poèmes en prose de Smith les mêmes qualités que dans ses autres textes, mais la concision y est encore plus grande, la brutalité des images plus fortes...»

Marc Duveau (Presses Pocket)


 «Smith est le dépositaire de la flamme sacrée du romantisme et le prophète de l'apocalypse... ce sont les poèmes fantastiques de Smith qui ont ouvert la voie aux contes, véritables poèmes en prose qu'on ne peut étudier qu'à travers le lyrisme d'un auteur aussi polymorphe qu'un Poe...»

Lauric Guillaud (Phénix)
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