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Cette page contient notre dossier de presse pour
l'année 2018. Dossier de presse de l'année: 1987, 1988, 1989, 1990, 1991, 1992, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020, 2021, 2022, 2023, 2024. |
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Yozone, 17 octobre 2018. Tanagra, roman de Stéphane Mouret. Profitant
du vacarme de la Fête de la Musique, un dénommé Roger s'introduit
nuitamment au musée de Vesoul, qui abrite les œuvres de l'enfant du
pays, l'artiste pompier Jean-Léon Gérôme. Œuvrant pour une organisation
secrète, en bon Démineur il vient étouffer dans l'œuf une manifestation
surnaturelle, mais tel est pris que croyant prendre. Et la chose
s'échappe. Nicolas Soffray |
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L'Écran Fantastique, n°401, octobre 2018. Tanagra, roman de Stéphane Mouret. À
Vesoul se trouve un musée consacré à un célèbre enfant du pays: le
peintre Léon Gérôme, qu'on peut classer un peu abusivement parmi les
«pompiers» du XIXe siècle. Avec Tanagra, Stéphane Mouret nous convie à
une plongée romanesque et fantasmatique dans son oeuvre. |
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Les lectures de l'oncle Paul, 18 septembre 2017. Tanagra, roman de Stéphane Mouret. T'as voulu voir Vesoul Paul Maugendre
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L'Écran Fantastique n°399, juillet/août 2018. Les Vaniteuses, roman de Céline Maltère. Dans Les Vaniteuses, Katarina Toque, reine du royaume d'Évinçon, n'a qu'un défaut: elle aime manger et cuisiner. Aussi envoie-t-elle dans les forêts s'étendant autour de son chāteau des hordes de chasseurs qui massacrent tous les animaux tombant sous leur pique. Or voici que lui demande audience un paysan, Basior, pré-tendant que ses hommes ont tué ses six enfants, montrant les cadavres... de six jeunes loups. Cette histoire de loup-garou, racontée dans un style simple à la manière d'un conte de Grimm ou d'Andersen, figure le second volet du Cycle de Goth, signé Céline Maltère, qu'on sent avoir beaucoup d'empathie pour la Nature et les bêtes, ce dont on lui sait gré.Jean-Pierre Andrevon
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Yozone, 3 juin 2018. Les Vaniteuses, roman de Céline Maltère. À la mort de son père Goth, Katarina a hérité du royaume d'Évinçon. Dans le chāteau où elle a grandi aux côtés de ses sœurs, elle passe beaucoup de temps dans la cuisine derrière les fourneaux. Il faut dire qu'à sa demande, ses chevaliers massacrent la faune locale à tour de bras pour l'alimenter. Et on fournit plus qu'on ne consomme! Vêtue de noir, Katarina exerçe son art culinaire affublée d'une grande toque, attribut qui est devenu inséparable de son nom.Un jour tout change: alors qu'elle se demande encore comment préparer les sept louveteaux ramenés de la chasse, un homme sans peur vient demander que ces massacres cessent, car la folie de la reine vient de le priver de ses sept enfants. Comme si elle sortait alors d'une longue léthargie, elle décide d'un nouveau départ, d'un ordre nouveau. Cette succincte présentation n'est que le point de départ des «Vaniteuses», second tome du «Cycle de Goth», une trilogie dont chaque volet est consacré à une des trois filles de Goth. Connaissant la faiblesse des hommes, il n'a voulu que des filles pour lui succéder, les poussant même au matriarcat pour aller au bout de sa pensée. Après «Les corps glorieux» montrant le parcours de Kationa, voilà le tour de Katarina Toque d'exposer sa vie. Cette dernière fait preuve de la même folie que sa sœur et ce que reine ordonne n'est pas à négliger pour ses sujets. Manger des animaux est devenu du jour au lendemain interdit, le régime végétarien devient la norme. Et la reine ne peut accepter de vieillir, décidant de mener un combat contre le temps, celui qui avilit les chairs. Pour ce faire, elle doit faire table rase du passé, se projeter uniquement dans le futur. Elle demande à ce que sa cour soit déménagée en 3 mois dans une presqu'île déserte au bord de la Baltique, qu'elle baptise Hel. Une tāche impossible, mais elle ne veut pas le savoir, la course contre le temps est lancée. Céline Maltère témoigne d'une imagination débridée et semble-t-il sans limite pour permettre à Katarina Toque de s'attaquer à un ennemi invisible. Comment combattre le temps, cet ennemi immatériel qui se manifeste uniquement par ses effets? Loin de rester inactive, la reine se lance corps et āme dans cette entreprise, se raccrochant à tout espoir de parvenir à ses fins. Rien ne la rebute ou ne l'effraie pour toucher au but et pourtant, ce ne sont pas les épreuves qui manquent en travers de son chemin si incertain. Rien que le franchissement d'un gué peut se révéler particulièrement malsain... Les exemples de la sorte ne manquent pas et parsèment le récit de morceaux de bravoure. Et que de passages surréalistes! Céline Maltère enrobe l'histoire de mythologie, de religion, de quantité de références pour faire perdre aux lecteurs ses repères et surtout ses certitudes. Autre aspect important, elle établit un nouveau règne dans lequel l'animal devient l'égal de l'homme. Un homme-loup et un ours siègent à ses côtés. Hel devient un foyer pour les animaux qui peuvent s'ébattre en toute quiétude à proximité du chāteau. Et attention à qui contreviendrait à ses ordres! Le temps et les relations homme/animal figurent au centre des «Vaniteuses», un roman au déroulement particulièrement jouissif. Céline Maltère ne cesse de surprendre, de malmener les lecteurs en sortant des sentiers battus. Katarina Toque est de ces grands personnages: elle fait fi du passé, désirant un avenir sans limite, même si l'humanité doit se transformer en otage de sa lutte insensée. Le geste est beau, elle ne se contente pas d'un changement provisoire, elle le veut permanent, y mettant toutes ses forces et sa raison. Après «Les corps glorieux», «Les vaniteuses» révèle le même imaginaire pervers et retors pour alimenter la curiosité d'un lectorat qui ne peut que savourer la suite de péripéties développées par Céline Maltère et se demander si, elle aussi désire s'affranchir des limites. Entre fantasy, fantastique et roman de chevalerie, «Le Cycle de Goth» ne manque pas de qualités et fait passer les lecteurs par toutes les émotions. À découvrir ! François Schnebelen
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Sueurs Froides, 30 avril 2018. Trains de terreur, anthologie de Philippe Gontier. Après un excellent TRAINS DE CAUCHEMAR en 2012, voici l'attendu TRAINS DE TERREUR !Toujours associés dans l'exploration des littératures anciennes, Les Aventuriers de L'Art Perdu et la Clef d'Argent sortent donc ce superbe recueil de 23 textes (des nouvelles et un extrait de roman), emballé sous une couverture d'époque, terriblement évocatrice, de Adolphe Louis Charles Crespin. Comme en 2012, chaque texte est commenté et chaque auteur possède sa notice bio-bibliographique, ce qui s'avère une nouvelle fois absolument enrichissant pour le lecteur curieux. En littérature comme en cinéma, une saine curiosité n'est JAMAIS un défaut ! Ce ne sont pas les lecteurs de SUEURS FROIDES et les assidus de la Clef d'Argent qui diront le contraire... Philippe Gontier réalise là une nouvelle anthologie souvent passionnante si l'on aime le charme suranné des écrivains de la Belle Epoque. Certes, les textes ont plus ou moins bien vieilli et s'avèrent évidemment bien différents des thrillers et des horreurs littéraires actuelles (et heureusement !) mais enfin, globalement, la qualité est toujours au rendez-vous. Certains contes sont délicieusement datés et d'autres, par la force de leur sujet, quasi intemporels. TRAINS DE CAUCHEMAR versait volontiers dans le fantastique pur et dans l'anticipation ancienne... TRAINS DE TERREUR un peu moins (il touche même parfois au mélodrame), mais l'inquiétude, voire l'angoisse, répondent presque toujours présents... Et la noirceur, et le désespoir ! Les trains et les gares : un univers fascinant avec son cortège d'accidents mortels, de voleurs, de tueurs fous, de violeurs et de détrousseurs de cadavres. Songez un peu : des tunnels ténébreux où tout peut arriver à la faveur de la pénombre, une grande vitesse propice à tous les accidents mortels, le partage d'un voyage avec de parfaits inconnus - autant de criminels potentiels ! Parmi nos favoris cette fois, citons rapidement les assassins psychopathes de EN WAGON et UNE HEURE D'EXPRESS, le violeur cynique du BAISER POSTHUME ou les détrousseurs sanguinaires d'un très réussi DOUZE HEURES D'UN TAMPONNE. Qu'on le lise lors d'un périple ferroviaire (que l'on souhaite des plus agréables et paisibles) ou tranquillement installé dans un confortable fauteuil, le voyage méritera assurément d'être vécu. Notons pour finir que nombre des auteurs présentés ici donnent très envie d'en avoir une connaissance approfondie, peut-être à travers de futurs recueils. Edmond Haraucourt ou Georges Price par exemple. Patryck Ficini
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L'Écran Fantastique n°395, mars 2018. Trains de terreur, anthologie de Philippe Gontier. Les trains ont toujours fasciné les écrivains, surtout lors de l'essor des voyages ferroviaire à la fin du XIXe siècle, où ces traversées sur de puissants monstres crachant la fumée étaient riches de dangers, fantasmés ou non. C'est en puisant dans ces récits oubliés que Philippe Gontier, déjà responsable chez le même éditeur de Trains de cauchemar, pour sa part réservé aux textes contemporains, a exhumé 23 contes et récits [plus un extrait de roman], aux dates de publication s'étalant de 1886 à 1927 et dont les auteurs ne risquent guère de titiller la mémoire. Car qui connaît aujourd'hui Émile Blavet, Edmond Lepelletier, Pierre Cosseret, Edmond Harancourt, Jean Rochon et une bonne quinzaine d‘autres? — seul Maurice Renard faisant figure de vedette au milieu de ce lot d'oubliés... Les thèmes, récurrents, vont de l'accident fatal au suicide sur voie ou au meurtre en compartiment clos, les récits les plus intrigants ayant pour thème la peur de se trouver, une nuit entière, face à un inconnu patibulaire prêt à vous détrousser si on alie malheur de fermer l'oeil [Sous le tunnel, de Gustave Geffroy]. Parfois, un auteur indélicat n'hésite pas à plagier ligne par ligne l'accident de la Louison décrit par Zola dans La Bête humaine [L'honneur du travail de Jean de Lorraine], l'essentiel, comme le souligne Gontier, étant de faire pleurer Margot. Quant au style, il est naturellement marqué par l'écriture feuilletonesque des récits, qui n'y vont pas avec le dos de la cuillère: “Soudain, un grondement, un roulement formidable, une poussée d'air irrésistiblement refoulée par la trombe de fer... C'est l'express!”. Chaque texte est suivi d'une notice érudite [parfois plus longue que la nouvelle elle-même] sur l'auteur, sa vie, son oeuvre. Où l'on en apprend de belles, tel plumitif s'étant fait une spécialité des duels, tel autre s'étant révélé d'un antisémitisme forcené. Autres temps, autres moeurs, et une plongée savoureuse dans un passé haut en couleur.Jean-Pierre Andrevon
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Yozone, février 2018. Trains de terreur, anthologie de Philippe Gontier. Par son côté désuet, la couverture de «Trains de terreur» donne le ton avec cette bagarre entre deux hommes, l'un étant éjecté d'un wagon sur la voie.En effet, du temps où il existait une troisième classe, où les locomotives fonctionnaient à la vapeur, où les compartiments donnaient directement sur l'extérieur et non sur une allée interne, utiliser ce moyen de locomotion n'était pas sans risques et donc sans éveiller une certaine crainte. Accidents, bandits... autant d'inquiétudes le temps d'un trajet. Les 22 textes au sommaire se font l'écho de cette époque où l'attention des passagers n'était pas focalisé sur les seuls horaires. 22 textes publiés entre 1886 et 1927, dont un extrait de roman, pour 20 auteurs qui ne sont pas sans se répondre à travers leur imaginaire. Il suffit de voir tout ceux mettant en scène un accident, drame fortement inspiré par «La Bête humaine» d'Émile Zola. Le chapitre XVII du roman «L'honneur du travail» de Jean de Lorraine se révèle symptomatique: collision affreuse, courage de sauveteurs improvisés, jeune homme s'en tirant par miracle... À ce titre, tout le travail de Philippe Gontier apparaît clairement dans les notes accompagnant chaque nouvelle et la dépassant parfois en longueur. Biographie de l'auteur, mise en évidence du contexte, rapprochement et comparaison avec d'autres écrits. Ces notes sont remarquables d'érudition et témoignent d'un travail minutieux et de la passion pour cette littérature populaire fin XIXe - début XXe siècle animant le rédacteur en chef du «Boudoir des Gorgones», un fanzine à la périodicité aléatoire. Plusieurs thèmes reviennent souvent dans les préoccupations des auteurs: les accidents ferroviaires, bien sûr, mais aussi le banditisme (“Un drame en wagon” d'Émile Blavet, “En wagon” de Pierre Thibault...), le badinage quand un homme est en charmante compagnie, sans oublier la critique sociale. Cette dernière est régulièrement mise en avant à travers les conditions de travail des cheminots et autres gardes-barrières ou aiguilleurs. Ces hommes ont un sens du devoir très développé et la tāche qui leur est confiée dépasse toute autre considération. “Le train 104” d'Octave Justice et “Le train 312” de Jean Rolland en constituent des exemples frappant avec des choix cornéliens proposés aux protagonistes. De grandes valeurs morales sont portées par la plupart des auteurs, mais Pierre Duo montre que le métier est difficile et que le sens des valeurs est parfois perdu, ce qui n'est pas sans risque (“L'enfant du mécanicien”). Si beaucoup de textes se répondent, voire œuvrent dans la même catégorie, à défaut de mêler les thèmes (“Les douze heures d'un tamponné” d'Edmond Haraucourt débute par le badinage tout en suggestions entre un homme et une femme, jusqu'à une collision et le passage de détrousseurs de cadavres avant l'arrivée des secours), certains ne manquent pas de surprendre comme “L'étreinte” de Montjoyeux au déroulement léger et à la conclusion si cruelle pour une passagère. La lanterne rouge à l'avant des locomotives peut rendre fou et pousser à commettre l'irréparable sur soi (André Godard, “Le point rouge”) ou sur quelqu'un d'autre (Georges Rodenbach, “Suggestion”). Le train pose ici question: en plus d'être dangereux pour ses passagers, la simple observation ne suffit-elle pas à tourner les têtes Dans “L'usufruit” de François de Nion, texte au déroulement implacable, observer une gare se révèle un passe-temps pour un infirme qui connaît toutes les habitudes des usagers jusqu"au jour où... Le temps d'“Une heure d'express”, un prêtre se retrouve dans un compartiment avec un militaire à la retraite. Georges Price livre là une nouvelle jouissive et complètement inattendue, aux dialogues savoureux. Pierre Mille allie judicieusement voyage en train et fantastique. “La collision de Brébières-Sud” ne manque pas de surprendre ; traité non sans humour, le texte se termine par un drame. Le train des débuts a inspiré aux auteurs, non sans raison, des thématiques récurrentes que chacun a traité à sa façon. Chaque nouvelle est un morceau du passé, un témoignage des peurs d'alors. Des titres se ressemblent, ou encore sont identiques (“Le témoin” pour E. Haraucourt et Maurice Renard), mais chaque texte possède son originalité et son éclairage particulier. La lecture se révèle instructive, aussi bien par les récits en eux-mêmes, de par leur époque de rédaction, que par les notes les prolongeant. Et comme Philippe Gontier aime le travail bien fait, un dossier avec de vrais articles achève cette anthologie. La réalité dépasse parfois même la fiction! «Trains de terreur» n'officie pas dans la terreur pure et dure, mais montre que prendre le train voilà plus d'un siècle ne se faisait pas sans crainte: peur de l'accident, d'être pris à partie, volé, voire tué. Monter dans un wagon constituait quasi une aventure et suggérait le frisson. Philippe Gontier a réalisé un travail remarquable de recherche pour monter une telle anthologie avec une impressionnante somme d'informations. Une lecture vraiment enrichissante! François Schnebelen
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SF Mag n°99, janvier 2018. Les spectres d'Eiffel, roman de François Fierobe. Ceci
est l'histoire d'un monument, une tour. Certes, elle est connue, on y
flāne, on y aime, on s'y perd. Ce monument se situe ensuite dans un
lieu bien particulier: Paris. Oui, mais avec François Fierobe c'est un
Paris transfiguré que voilà. Un Paris où l'on suivra cet auteur qui,
initié jadis par un grand-père conteur, s'échappe dans ce monde double
à la recherche d'histoires, de légendes, certaines inventées, d'autres
vraies. Ce monde où cette Tour Eiffel serait habitée par d'étranges
créatures féeriques (Les Eiffelines), des entités ayant fait fusion
avec la dame de fer et dont elles seraient les protectrices. Puis il y
a ces anecdotes a la fois cruelles et folles. Cet éléphant qu'on aurait
fait basculer depuis un étage de cette Tour Eiffel et qui aurait écrasé
un couple d'amoureux. Cette autre histoire aussi où une effroyable
guillotine exécuterait des gens. Des fantômes, des batailles aériennes.
Pendant qu'à Paris même, dans ce Paris fantasque que ne voient que les
poètes, notre nomade fréquentera des cercles de magie à la recherche
d'autres secrets et merveilles, le tout dans un temps hors du temps,
comme si le sujet de ce roman ce n'était pas le lecteur, mais le regard
qu'il porterait sur ce monument. Et ce que cette rencontre alchimique
provoquerait et qui prendrait forme, s'élèverait dans les airs.. Emmanuel Collot
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SF Mag n°99, janvier 2018. L'hiver du magicien, roman de Jérôme Sorre. Nous
sommes en 1790, à Besançon en Franche-Comté. Un jeune garçon, tout
fraîchement éconduit par une fille de son āge part en vadrouille dans
sa ville natale où la Révolution française change peu à peu le visage
d'un Ancien Monde. Au hasard de son errance, celui-ci est soudain
attiré par des chants. Ce sont des femmes qui, venant de débarrasser
une vieille église de ses dernières denrées, vendent le tout sur le
parterre en entonnant la Carmagnole. Le jeune enfant est alors pris de
curiosité pour cette Église des Dames de Battant. En s'aventurant tout
près du coeur, il découvre une chapelle grillagée dans laquelle semble
être prisonnier un homme. Son nom est Mircea, et il confie à l'enfant
être un magicien retenu dans cette cellule dont il ne peut sortir.
Après un moment d'affolement durant lequel le jeune garçon interpelle
un soldat afin de faire une espèce de constat, il devra se rendre à
l'évidence: ce magicien qui pourtant lui parle, ne peut-être vu que par
lui-même. Entre rêves hallucinatoires et mystérieuse quête d'une clef
d'argent, ce garçon qui n'a d'autre nom que Charles Nodier, devra
dénouer les fils de la plus grande énigme de sa vie, la où tout
commence vraiment... Fausse biographie sur un épisode de
l'enfance du grand Charles Nodier (1780-1844), ce très court roman, ou
tout au plus une longue nouvelle, nous entraîne sur les traces de l'un
des fondateurs du fantastique français. Avec un style éprouvé, dans une
langue experte, Sorre prend le risque de nous broder une histoire aux
antipodes des biographies imaginaires. Mieux, il tente de nous exposer
ce qui serait un mystère littéraire, celui de Charles Nodier; de fait,
comme dans un conte, tout prend sens. Ce vieux magicien séquestré alors
que l'Église est pillée évoque quelque part le génie Créatif encore en
suspend dans l'esprit du jeune Charles. Et cette clef qui libérerait
cet homme, le trauma qui ouvrirait enfin les vannes de l'écriture
fantastique. Même si l'exercice est souvent périlleux, force est de
reconnaître que pour Jérôme Sorre le pari est gagné. Ainsi, bien loin
de quêter une quelconque vérité (On sait ce que pensait Nodier de ça),
ce dont il est question ici, et qu'atteste cette fin lumineuse mais un
peu abrupte, c'est du seul mystère qui compte dans une vie: L'écriture.
Ainsi, si la vérité n'est rien, le néant quand on le regarde nous
regarde à son tour. Et bien loin de prendre parti, ce texte sincère et
beau nous parle des vraies choses qui comptent dans une vie, pas celles
que l'on doit croire vraies pour tout et tous. Magnifique parabole
symbolique sur la création littéraire, aussi libre que sans parti pris
(la cellule dans l'église pour le magicien peut aussi être vue comme un
lieu de protection face aux gueux qui volent et au soldat qui ne voit
pas la beauté de la magie qui s'y enferme), L'hiver du magicien restera
comme un formidable point de vue déformé sur la vie d'un grand auteur,
pas si déformé que ça quand on connaît la vie de ce dernier. Nodier
croyait aux mystères du verbe, et ce magicien et cette clef en sont des
ingrédients nécessaires. Et ce texte qui rend aussi hommage à d'autres
oeuvres (Barrie, etc.) est là pour nous expliquer comment on devrait
pouvoir y arriver: en remerciant ce magicien et en communiant pour ce
dieu secret et invisible de l'écriture. Ajoutons à cela la description
tout en nuance d'un basculement entre deux époques, deux mondes, et
nous avons là un épisode biographique des plus justes. En un mot:
magnifique. Un texte qui aurait mérite un prix, ne serait-ce pour la
délicatesse avec laquelle il «raconte» un enfant épanché, un écrivain
né avec cette soif insatiable et cette faim gargantuesque. Un individu
engoncé dans un être social que la révolution n'avait pas aidé non
plus. L'écrivain est toujours en dehors de tout, et des grands
changements révolutionnaires et des grands systèmes séculaires. Ce que
confirme la très intéressante et courte étude d'Alain Chestier en fin
d'ouvrage. Hugo aussi dut avoir un magicien, ou une magicienne... Emmanuel Collot
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SF Mag n°99, janvier 2018. De Vermis Circulis, roman de Hugues Canetti. Secte
vouant un culte à un Dieu-Ver, sorcière qui dévore hommes et animaux,
excepté les enfants, poissons aux dimensions disproportionnés, culte
sacrificiel élevant des charniers selon des rituels très anciens, rien
ne nous semble épargné dans cet ovni littéraire. Si bien que de prime
abord on pensera au Fake, notamment par une topologie qui pose problème
(la Provence?). L'ensemble forme un amalgame de rapports de police,
rumeurs, témoignages pris sur le vif, les on-dit, anecdotes les plus
diverses le long d'un fil conducteur dont a du mal à reconnaître une
réelle intention littéraire. Puis on se surprend soudain à suivre le
long des pages ces analyses, ces idées jetées sur papier, parfois
poétiques, d'autres philosophiques ou relevant du simple fait divers le
plus sordide. Et le fait qu'il n'y ait rien à chercher, et encore moins
à trouver, commence à nous dérouter comme à nous donner envie d'ouvrir
d'autres chemins, mieux, à écrire nous aussi à ce propos. Et plus
l'ensemble demeure touffu, plus on a l'impression d'être mis en face de
quelque chose d'extraordinaire, d'indicible? Quant à l'auteur, tout
aussi improbable que cette oeuvre disparate, parasitaire, il se serait
suicidé en pleine rédaction de cet étrange livre sans forme ni
référence précises à Lovecraft et qui pourtant y fait bigrement penser.
Comme si, le long de la rédaction, il se serait trouvé une force plus
grande que sa propre volonté pour lui intimer cet acte aussi radical
qu'un silence obstiné. On aurait envie de crier à l'imposture, on
voudrait dire que La Clef d'Argent est allée trop loin, que le coup
littéraire ne fédère pas. Et voilà qu'on se surprend à admirer avec
amusement au départ cette somme de travail oscillant entre l'absurdité
et une espèce de pugnacité à franchir même les barrières culturelles et
topologiques pour nous amener face à une évidence: le lovecraftisme n'a
plus de régionalisme cosmique réservé, quand bien même il ne fournit
plus ses indices afin qu'on le valide. Il a depuis longtemps franchi
les frontières de Providence, Rhode Island, pour installer ses bases
chtoniennes dans la région de Nice, là où est mort ce mystérieux Hugues
Canetti, qui est peut-être un autre Romain Gary se prenant pour un
Émile Ajar. Bref, le coup d'État est parfait, l'hérésie sublime. Et
l'on se sentira trahi, floué en même temps que vaincu, repu, comblé.
Heureux de constater que certains osent le bannissement des frontières
culturelles et tenter ce coup de maître qui, même si on ne sait trop
jusqu'où il ira, produit son effet. Au sortir dune telle lecture on
pensera bien évidemment à Lovecraft (1890-1937) ou Clark Ashton Smith
(1893-1961), voire un certain Algernon Blackwood (1869-1951) si oublié
par les éditeurs et c'est un tort. Car l'enquête mène loin, le
sentiment d'inachèvement aussi, comme d'une folie qui s'attaquerait à
vous pour vous faire croire qu'on aurait eu affaire à un véritable
livre maudit, au même titre que le Necronomicon. Mais bien plus, tout
comme le prouve l'interview reproduite en fin d'ouvrage, De Vermis
Circulis semble dépasser de loin toute fiction. Il semble être à la
mesure de son auteur, une plongée simulée dans son mystère intime. Une
expérience dont la marque s'inscrit par-delà le mensonge. Et nous
intime à comprendre le monde non plus comme quelque chose de
prévisible, mais de provisoire. Et nos certitudes comme de naïvetés
servant à pallier les grandes inconnues effroyables d'un monde dont il
faudrait peut-être finalement nous contenter dans ses plus primitives
apparences pour n'en douter que sous un oreiller. Et survivre à cela.
Pour résumer, un ouvrage lovecraftien de subversion cosmique qui évite
le piège d'un Blair Witch littéraire, doublé d'une naïveté bancale
révélant dans ses agitations fractionnées les notules d'un univers bien
plus indicible qu'il nous semblerait de prime abord. Audacieux et
fascinant de bout en bout. Emmanuel Collot
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L'Écran Fantastique n°393, janvier 2018. De Vermis Circulis, roman de Hugues Canetti. Sylvain-René
de la Verdière et Francis Thewicz sont intrigués par une sorte de
feuilleton produit par un certain Hugues Canetti, De Vermis Circulis, que l'auteur distribue sur son blog, Les deux Zeppelins.
Il s'agit de très courts fragments, bribes de déclarations,
d'interviews, de coupures de journaux où se dessine le panorama d'un
village de bord de mer qui se désertifie peu à peu, le suicide n'y
étant pas pour rien car, entre autres horreurs, il est envahi par des
masses de vers grouillants sortant de partout, qui sont l'objet de la
vénération d'une secte, le Club des Rêveurs. Intrigués, les deux hommes
finissent par rencontrer Hugues Canetti, tentant de lui faire avouer
qu'il est très influencé par Lovecraft (Le cauchemar d'Innsmouth
n'est effectivement pas loin). Mais l'auteur n'en démord pas: tout ce
qu'il raconte est vrai. Ils n'en sauront pas plus car Canetti meurt peu
après dans des circonstances étranges. Ces bribes de blog sont publiées
par une très sérieuse maison d'édition, selon leur titre original, sous
le nom de l'auteur défunt, avec la mention «Documents», la quatrième de
couverture affirmant que Canetti est bien décédé en 2016. Où est la
farce, où est la vérité dans cette mise en abyme? Mieux vaut sans doute
ne rien savoir, et se laisser emporter par ce récit morbide, aux images
fortes, à l'ambiance nauséeuse et dont le style vaut bien celui de
l'écrivain dont il s'inspire. Jean-Pierre Andrevon
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L'Agrégation n°488. Point final, recueil de Sylvie Huguet. Sylvie Huguet, dont les ouvrages sont régulièrement recencés dans L'Agrégation, vient de publier un recueil de nouvelles parfaitement abouti. Blanche Lochmann
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